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Les protestations
L'Alberta et la Saskatchewan, deux provinces
des Prairies qui faisaient jusqu'alors partie
des Territoires du Nord-Ouest (dont les frontières
seront délimitées en 1875), obtiennent
le statut
de province en 1905. Elles ne peuvent cependant
exercer le contrôle sur leurs ressources
naturelles avant 1930.
Bien avant de se joindre au Dominion du Canada,
l'Ouest éprouve déjà une
antipathie profonde pour l'Est, car il croit que
ses intérêts n'y sont pas défendus.
Avant la Première Guerre mondiale, les
habitants de l'Ouest sont généralement
méfiants à l'égard du gouvernement
fédéral, qui semble favoriser davantage
le triangle Ottawa-Montréal-Toronto, plus
densément peuplé, que les autres
parties du pays. Lorsque, en 1917, le premier
ministre Robert Borden accorde aux fermiers de
l'Ouest l'exemption
du service militaire puis renie sa promesse
quelques semaines plus tard, la tradition de protestation
de l'Ouest, déjà bien établie,
se trouve renforcée.
La situation se dégrade avec la crise
économique d'après-guerre, qui provoque
le mécontentement
de la classe ouvrière. L'Ouest est
alors mûr pour l'affrontement.
La grève
générale de Winnipeg de 1919
en est une manifestation éclatante. Les
élites
urbaines sont très inquiètes,
et les militants
syndicaux et politiques, dont plusieurs seront
arrêtés et emprisonnés pour
leur démonstration de solidarité
ouvrière, se rassemblent par milliers.
Le pasteur méthodiste J.S.
Woodsworth, figure au nombre des manifestants.
Accusé d'écrits
séditieux, il sera incarcéré
pendant une courte période. Cette grève
sans précédent dans une ville importante
de l'Ouest montre que tout ne va pas pour le mieux
dans les Prairies.
Le conflit de Winnipeg n'est cependant qu'une
des manifestations du mécontentement de
l'Ouest. Pendant et après la Première
Guerre mondiale, les réformateurs sociaux
de l'Ouest réclament la prohibition
et le droit de vote pour les femmes, qui sont
pour eux des éléments d'un combat
plus général pour que règnent
l'ordre et l'égalité au sein de
la Confédération canadienne. Entre-temps,
les militants politiques, fatigués de la
domination des partis de la vieille garde qui
ne reconnaissent pas la contribution de l'Ouest
à l'économie et à l'administration
du Canada, se tournent vers des mouvements de
protestation représentés par des
tiers partis pour exercer une influence. Un parti
dissident est ainsi créé, le Parti
progressiste, qui remporte suffisamment de
sièges aux élections fédérales
de 1921 pour former l'opposition officielle.
Dans les années 1920, on peut dire que
l'Ouest possède une identité régionale
bien établie, qui se manifestera d'ailleurs
d'une façon qui lui est propre dans le
cadre des futurs mouvements de protestation politique
et sociale. Au cours des années à
venir, le reste du Canada devra à coup
sûr se réveiller.
Lectures
suggérées
Voir aussi
Laurier
et l'Ouest
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