Au début du vingtième
siècle, les Prairies sont bien
intégrées au capitalisme
industriel. En deux décennies
à peine, le mode de vie qui
avait existé pendant des siècles
est complètement abandonné
au profit d'une économie agricole
fondée sur la propriété
privée et les fermes familiales.
Cette nouvelle forme d'économie
produit certains résultats
spectaculaires. En 1896, par exemple,
le blé est cultivé sur
1,26 millions d'acres; à la
veille de la Première Guerre
mondiale, la superficie de culture
de cette céréale atteint
10 millions d'acres, ce qui fait du
blé l'une des quatre principales
denrées d'exportation du Canada.
Cette croissance sans précédent
est favorisée en partie par
des programmes parrainés par
le gouvernement, tels les fermes expérimentales
et les projets de travaux publics,
qui font progresser la technologie
et les infrastructures, rendant ainsi
possible le développement urbain
et rural dans un environnement inhospitalier.
Mais l'aide du gouvernement ne s'arrête
pas là. Elle facilite la transformation
du paysage de bien d'autres façons.
À titre d'exemple, les scientifiques
du gouvernement entreprennent le long
processus de désignation des
réserves naturelles concept
relativement nouveau ce qui contribue
non seulement à protéger
les ressources fondamentales de nombreuses
industries, mais crée également
un environnement favorable à
l'industrie touristique naissante.
Les scientifiques localisent aussi
les gisements houillers et les réserves
de pétrole qui stimuleront
l'industrialisation et l'urbanisation
de la région, ce qui, plus
tard au cours du siècle, remettra
en question la prédominance
de l'économie agricole.
Les villes de l'Ouest s'en trouvent
profondément transformées.
Après 1906, la plupart des
nouveaux venus ne sont pas intéressés
à exploiter une ferme familiale.
Ce sont des « terrassiers »,
c'est-à-dire des travailleurs
non qualifiés, et la majorité
d'entre eux se dirigent directement
vers des villes comme Winnipeg, Edmonton,
Calgary, Regina et Saskatoon, qui
font maintenant partie des grands
centres urbains du Canada et peuvent
se targuer d'offrir une vie
culturelle qu'on n'aurait pas
crue possible quelques décennies
auparavant. Cette vie culturelle,
qui deviendra finalement l'âme
des écoles de l'Ouest, est
déjà à l'époque
nourrie par des écrivains et
des artistes qui n'hésitent
pas à chercher l'inspiration
dans le paysage environnant. Plutôt
que de créer des œuvres qui
correspondent aux goûts des
étrangers, les artistes originaires
de la région cherchent surtout
à accepter l'Ouest pour ce
qu'il est.
Les militants politiques et sociaux
de l'Ouest puisent également
leur motivation dans leur collectivité.
Ils commencent à diriger les
mouvements de défense des droits
de leurs provinces afin que celles-ci
soient traitées sur un pied
d'égalité dans la Confédération.
Ainsi débute la longue histoire
des protestations
de l'Ouest, qui connaîtra
de nombreux développements
politiques et sociaux.
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