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La traite des fourrures
Malgré sa charte royale, la Compagnie
de la Baie d'Hudson ne jouit pas de droits illimités
de traite des fourrures sur les terres de sa compétence.
Avant 1763, la lutte de la compagnie contre les
Français pour le contrôle de la traite
sur les côtes de la baie d'Hudson et de
la baie James entraîne une série
d'engagements navals et terrestres. Après
la chute de la Nouvelle-France en 1759 et la signature
du Traité de Paris en 1763, le défi
que représentent les Français est
éliminé, mais il est remplacé
par un autre encore plus grand : la présence
de la Compagnie
du Nord-Ouest, établie à Montréal.
Les deux entreprises commerciales étendent
audacieusement leur empire de la traite des fourrures
au-delà de la Terre de Rupert jusqu'au
versant du Pacifique et aux bassins hydrographiques
de l'Athabasca et du Mackenzie. Leur intense rivalité
économique mène parfois à
la violence, comme le prouve l'incident sanglant
survenu à Seven
Oaks. Le quasi-effondrement économique
des deux entreprises entraîne leur fusion
en 1821, ce qui rétablit temporairement
la paix au sein de l'empire commercial des fourrures
dans l'Ouest.
Au milieu de cette violence, Thomas Douglas,
le 5e comte de Selkirk, obtient de la Compagnie
de la Baie d'Hudson qu'elle lui concède
des terres d'une superficie de 116 000 milles
carrés (300 400 kilomètres carrés,
ou cinq fois la taille de l'Écosse) à
la jonction des rivières Rouge et Assiniboine
(aujourd'hui le centre-ville de Winnipeg). Selkirk,
qui veut créer une communauté agricole
autosuffisante, peuple sa concession de familles
chassées de l'Écosse et de la Suisse.
Malheureusement, les sauterelles, les inondations,
l'hiver et la mauvaise gestion de la Compagnie
de la Baie d'Hudson limitent l'utilité
de la colonie et opposent souvent les colons de
Selkirk aux résidents
de la vallée de la rivière Rouge,
qui y sont depuis longtemps établis, en
particulier les Métis libres-échangistes
et les employés de la Compagnie du Nord-Ouest.
De plus en plus critiquée en raison de
sa mauvaise gestion de la Terre de Rupert, la
Compagnie de la Baie d'Hudson accepte la visite
dans le Nord-Ouest du peintre torontois Paul
Kane. En visitant la Terre de Rupert, à
l'invitation de la compagnie, Kane peint les paysages
et les indigènes qui y habitent. Ses tableaux
célèbrent l'idée du
« noble sauvage » et confirment visuellement
que cette terre inhospitalière se prête
peu à l'établissement des Européens.
La découverte d'or dans le sud de la partie
continentale de la Colombie-Britannique et le
fait qu'on se rend de plus en plus compte que
la Compagnie de la Baie d'Hudson ne veut pas qu'on
intègre ses territoires à l'Empire
britannique poussent la Chambre des communes de
Grande-Bretagne à créer, en 1857,
un comité
spécial pour étudier les privilèges
commerciaux de l'entreprise. Cette dernière
affirme au comité qu'« aucune partie
des territoires... n'est bien adaptée au
peuplement » [Traduction], à une
époque où les résultats des
expéditions à la Terre de Rupert,
financées par les Britanniques et les Canadiens,
démontrent le contraire. Le comité
recommande la cession, tout au moins en partie,
du territoire au Canada. Tout est dorénavant
prêt pour le transfert de la Terre de Rupert
et l'expansion vers l'ouest du Canada.
Lectures
suggérées
Voir aussi
> Thème suivant
: Les expéditions scientifiques
< Thème précédent
: Le passage du Nord-Ouest
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