Si certains facteurs incitent bien des émigrants à quitter leur pays, l'effet d'attraction vers l'Ouest canadien est par ailleurs très fort. Les 160 acres de terrain gratuits que promet le gouvernement canadien semblent exercer un attrait particulier, et la reprise de l'économie nationale assure un important marché au blé canadien. On développe de nouvelles souches de blé plus résistantes et à croissance plus rapide, comme le Red Fife et le Marquis, qui permettent aux exploitations agricoles de s'établir plus au nord, là où le gel survient plus tôt. En outre, de la machinerie et des techniques agricoles de plus en plus efficaces, telles que l'agriculture en terre sèche ou en terrain irrigué, voient le jour. Mais par-dessus tout, le Canada profite de la fermeture de la frontière américaine après 1890. Les meilleures terres de l'Ouest américain n'étant plus accessibles, l'Ouest canadien devient tout naturellement le meilleur choix.

Il en résulte une arrivée massive d'immigrants des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la Scandinavie, des Balkans, de l'Ukraine et de la Russie. Les Européens de l'Ouest constituent le plus fort pourcentage d'immigrants au Canada à cette époque, mais un bon nombre arrivent aussi d'Europe centrale et de l'Est. C'est ainsi que 170 000 Ukrainiens s'établissent au Canada durant la grande vague d'immigration au tournant du siècle dernier. Il n'est pas étonnant que l'arrivée d'autant de groupes, dont un grand nombre s'établissent dans l'Ouest et y deviennent des exploitants agricoles, transforme le pays et contribue à en faire la société polyglotte que nous connaissons aujourd'hui.