Ce rapport confidentiel rédigé par le
War Office de Grande-Bretagne fournit aux autorités
supérieures d'importants renseignements de base
sur le massacre des collines du Cyprès. Bien
que les Territoires du Nord-Ouest étaient officiellement
sous l'autorité du Canada et ce, depuis plusieurs
années, ce rapport montre que la Grande-Bretagne
avait encore des intérêts dans cette région.
À mesure que s'érode lentement l'autorité
de la Compagnie de la Baie d'Hudson dans l'Ouest à
la fin des années 1860, la région la
plus proche de la frontière internationale
devient un refuge pour les desperados américains
cherchant à faire fortune dans le commerce
illégal du whisky. Trop fréquemment,
le commerce du whisky donne lieu à de terribles
scènes de violence. Selon un rapport datant
de cette époque, ce trafic a causé la
mort d'un très grand nombre d'Indiens et d'un
nombre assez élevé d'hommes blancs.
Malheureusement, le gouvernement fédéral
n'est forcé d'intervenir que lorsque la situation
échappe à tout contrôle, durant
l'été 1873. Ce brusque changement d'orientation
est occasionné par le massacre de 20 à
30 Assiniboines par un groupe de colons du Montana
sur les collines du Cyprès, dans ce qui est
maintenant le sud de la Saskatchewan.
Bien que cette nouvelle mette plusieurs mois à
parvenir à la presse dans l'Est, lorsqu'elle
éclate, la population est furieuse. Ce massacre
est considéré comme un signe incontestable
que l'Ouest canadien peut être tenté
d'imiter ce qui se passe au sud de la frontière.
Le fait que des Américains soient mêlés
à cet incident est particulièrement
troublant. La libre circulation des commerçants
du Montana à travers la frontière internationale
est perçue comme une atteinte à la souveraineté
canadienne et comme un mépris flagrant du désir
du Canada d'avoir un front pionnier paisible sous
le régime des lois britanniques. À cause
des craintes manifestées par le public, le
gouvernement fédéral entreprend son
programme de recrutement pour mettre en place la Police
à cheval du Nord-Ouest.