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Pacifique Nord
1779, par Robert de Vaugondy
Après avoir passé 21 ans à l'Académie
des sciences de la Russie, à Saint-Pétersbourg,
Joseph-Nicolas de L'Isle, cartographe de très
grande renommée, rentre à Paris pour se
joindre à l'entreprise de cartographie de son
beau-frère Philippe Buache. Il apporte avec lui
une description du voyage de l'amiral de Fonte, que
son beau-frère intègre à sa carte
de 1752 de l'Amérique du Nord. D'autres se mettent
à la copier, chacun y ajoutant sa propre interprétation,
jusqu'à ce que Robert de Vaugondy publie en 1779
ce « chef-d'œuvre » de minutie (la Californie
se trouve dans le coin inférieur droit et le
Groenland, dans le coin supérieur droit).
[Pour en savoir plus]
Comme le littoral occidental de l'Amérique
du Nord sur la carte de Vaugondy est très différent
de la façon dont nous le percevons aujourd'hui,
il est facile de faire peu de cas de sa carte parce
qu'elle semble curieuse et fondée sur de mauvaises
données. En réalité, elle tente
de dépeindre les plus récentes théories
géographiques formulées par des scientifiques
« de salon », qui ne quittent jamais leurs
quartiers et qui, par conséquent, doivent s'en
remettre aux indications d'autres personnes. Les comptes
rendus de l'amiral de Fonte et de Juan de Fuca semblent
donc raisonnables aux yeux de bien des cartographes
européens. Quand ils font des analogies avec
des littoraux européens qu'ils connaissent
mieux, ils concluent : « Toutes les côtes
continentales d'importance sont brisées quelque
part entre leur milieu et le nord... mais au-dessus
de la Californie, nos cartes montrent une terre continue...
une telle continuité, sans baie, ni fleuve
ni rivière, est contraire à la nature. »
[Traduction] Pour un cartographe européen
du XVIIIe siècle, la carte de Robert de Vaugondy,
bien qu'étant le résultat de suppositions,
semble réaliste.
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