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ARCHIVÉE - Nos voix, nos histoires :
histoires orales des Premières nations, des Métis et des Inuits

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Voix des Métis

Transcription

[Traduction]

Lorsque Frère aîné était jeune, il était vraiment glouton et paresseux et il refusait de faire ce qu'on lui demandait, alors un jour, les animaux et toute la Création ont décidé de se rencontrer pour conclure de ne plus l'aider et de fuir sa présence. Et Frère aîné avait vraiment faim et il se réveilla mais comme il était paresseux, il ne peigna pas ses cheveux, il ne se lava pas non plus; il se mit à marcher, pensant que quelqu'un lui offrirait de la soupe au canard ou quelque chose d'autre. Toutefois, personne ne lui donna de nourriture ou ne lui offrit de l'aide pour quoi que ce soit, personne ne lui adressa la parole et, à la fin de la journée, Frère aîné avait vraiment très faim; il ne comprenait pas pourquoi personne ne l'aidait et par conséquent, il s'approcha d'un petit feu et il y trouva Grand-Mère.

Grand-Mère cuisinait de la nourriture et elle était la première grand-mère, la première femme sur Terre. Enfin, elle faisait cuire son dîner et Frère aîné dévorait des yeux le repas en pensant : « Ah! Grand-Mère n'est pas ici en ce moment. Elle est très vieille et elle ne s'apercevra pas si je les mange. Elle pensera qu'ils sont tombés dans le feu et qu'ils ont tout simplement brûlé. » Il s'empara alors des petits canards qui étaient en train de rôtir au-dessus du feu et il les dévora tous très rapidement. Ensuite, il prit les pattes de canards et il les enfouit dans les cendres encore chaudes et s'assura de remuer le tout de façon à faire croire que ces petits canards étaient tombés de la broche à rôtir pour atterrir dans le feu. Il partit ensuite et s'étendit sous un gros arbre. Il se reposa à cet endroit et contempla les nuages en pensant à ce qu'il allait faire le lendemain, car voyez-vous, c'est ce que font les gens paresseux. Ils se couchent et réfléchissent à ce qu'ils feront le jour suivant. Et, il commença à s'endormir.

Pendant ce temps, Grand-Mère était dans les bois en train de travailler, elle cueillait des herbes médicinales ou des trucs du genre; elle possédait, cependant, le don de la vue et de l'ouïe et elle sut ce que Frère aîné avait manigancé. Elle se dit qu'elle en avait assez et décida de lui donner une leçon; elle se mit alors à chanter. Le son de sa voix dépassa la cime des arbres et se fit entendre partout pour ensuite rejoindre Frère aîné sous l'arbre. La chanson pénétra son esprit. À mesure que Grand-Mère chantait, les notes montaient et montaient toujours plus haut, et plus les notes de la chanson montaient, plus le ventre de Frère aîné gonflait. Finalement, son ventre lui faisait tellement mal qu'il décida de se lever. De petites mésanges, juchées sur les branches de l'arbre, surveillaient de près ce qui se passait, car ces oiseaux étaient comme des annonceurs de nouvelles dans la forêt et ils rapportaient toutes ses actions. Ainsi, elles se tenaient sur les branches pour voir ce que faisait Frère aîné. Ce dernier se leva finalement, car son ventre lui faisait très mal, et il se dit : « Il faut absolument que je fasse quelque chose. Qu'ai-je donc à avoir si mal? »

À ce moment même, Grand-Mère lança une note tellement haute que Frère aîné ne put s'empêcher de laisser échapper un énorme pet; ce pet était le premier de tous ceux au monde, personne n'en avait entendu un auparavant. Les pauvres petites mésanges en tombèrent presque de leur branche; elles eurent si peur et l'odeur était tellement mauvaise qu'elles durent s'envoler. Frère aîné ne pouvait arrêter de péter, car Grand-Mère continuait de chanter. Il marchait d'un pas chancelant et essayait de retourner à la maison. Il continuait de laisser échapper des pets, des petits, des gros, des pets de toutes les sortes. Vous savez, il est impossible d'arrêter même quand on essaie. Enfin, il menaça son derrière de le punir s'il n'arrêtait pas. Bien entendu, celui-ci ne s'arrêta pas, alors il s'assit carrément sur le feu pour se brûler le derrière.

Et l'histoire continue encore et encore à partir de cet épisode. Il faut plusieurs jours pour la raconter. Il faudrait revenir demain et aider notre mamie pour connaître la suite de cette histoire. Vous savez, quand on est une petite fille ou un petit garçon et qu'on entend cette histoire depuis le plus jeune âge, c'est certain que l'on se peigne les cheveux le matin et qu'on se lave, que l'on ne sera pas glouton et qu'on n'essayera pas de chiper de la nourriture qui appartient aux personnes âgées ou à quelqu'un d'autre, car on ne veut pas finir comme Frère aîné. Les histoires étaient tellement amusantes, mais on s'imaginait qu'elles pouvaient aussi être vraies, particulièrement quand on entendait quelqu'un qui faisait toutes sortes de bruits grossiers et qu'on savait que cette personne avait trop mangé à table et avait chipé de la nourriture de tout le monde.

De plus, ces histoires comportaient des petites leçons à en tirer, mais elles nous enseignaient également le rôle que jouent ces petits oiseaux dans la Création et la façon dont il faut les traiter avec respect, car ils servaient à quelque chose dans leur habitat. Cette histoire était l'une de mes préférées simplement parce que, quand on est un enfant, vous savez, on aime entendre le mot « pet ». Nous n'étions pas différents des autres même si nous étions des enfants. Le mot « pet » se dit « boikedo », qui se traduit un peu comme « gros vent ». Nous nous tordions de rire et c'était encore pire quand nous étions au lit et que nous pensions à notre mère qui nous disait de nous peigner les cheveux et que nous ne le faisions pas. Tout le monde se mourait de rire juste en nous entendant. Ainsi, ces histoires faisaient partie d'un répertoire d'histoires extraordinaires à raconter aux enfants et elles servaient à nous inculquer des valeurs, de bonnes manières, des interdictions et ce genre de choses. Et quand on les entendait souvent, on continuait de grandir et on savait qu'il fallait être propre, qu'on ne devait pas être glouton, vous savez, et qu'il ne fallait pas être avare ou malhonnête, car il existait de nombreuses histoires sur ce personnage.