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Les eaux intérieures

C'est la Western Dry Dock and Shipbuilding Company de Port Arthur, en Ontario, qui a construit en 1913 le SS Noronic, pour le compte de la Northern Navigation Company, laquelle sera acquise par la Canada Steamship Lines (CSL). Le navire a une taille imposante (110 mètres sur 5,8 mètres sur 7,5 mètres), il comporte cinq ponts et il a une charge brute de 6 905 tonnes, ce qui en fait l'un des plus grands bateaux de passagers qui traversent les Grands Lacs. Il peut accueillir 600 passagers et 200 membres d'équipage. Il entreprend son voyage inaugural en 1914 et, durant les 40 années qui suivent, ce « roi des Grands Lacs » se taille la réputation d'être le plus magnifique et populaire bateau de passagers de ces eaux.

Le 14 septembre 1949, le Noronic lève l'ancre à Detroit, au Michigan, à l'occasion de la première des trois croisières postsaisonnières prévues à son horaire. Les 574 passagers et 131 membres d'équipage montés à son bord doivent faire escale à Cleveland et à Toronto avant de se rendre à Prescott et dans les Mille-Îles. Tard le 16 septembre, le bâtiment accoste au quai 9, au port de Toronto, où il s'installe pour la nuit. La plupart des passagers et presque tout l'équipage quittent le navire afin de passer la soirée en ville.

Vers 2 h 30, le matin du 17 septembre, un passager découvre un début d'incendie dans la lingerie. Malgré les efforts entrepris pour l'éteindre, le feu se propage rapidement à l'intérieur en bois du vaisseau. En l'espace de 10 minutes, le Noronic se transforme en un terrifiant brasier. On tire du lit les passagers, qui pour la plupart dorment, mais dans les couloirs enfumés où la foule se presse, plusieurs ne peuvent échapper au chaos qui règne. Comme le feu s'étend aux couloirs et aux cabines, quelques passagers se jettent à l'eau pour tenter de sauver leur vie. Lorsque les pompiers de Toronto arrivent quelques minutes plus tard sur les lieux, ils portent secours à autant de personnes que possible, mais ils ne peuvent rien faire pour sauver le Noronic. À 5 h du matin, le « roi des Grands Lacs » n'est plus qu'une ruine en braises, victime de l'incendie dévastateur qui a fait plus de 100 morts et un grand nombre de blessés.

Plusieurs des 119 cadavres sont brûlés au point d'être méconnaissables. Aussi a-t-il été très difficile de les identifier. Le gouvernement de l'Ontario met donc sur pied un comité médical qui établit de nouvelles procédures (l'utilisation de radiographies nouvelles et anciennes), pour identifier les victimes, ce qui lui permet d'identifier la plupart d'entre elles. Et pour rendre la situation plus complexe, toutes les personnes décédées, à l'exception d'une seule, sont de nationalité américaine.

Le gouvernement fédéral nomme sur-le-champ une commission d'enquête que dirige Roy L. Kellock, juge à la Cour suprême. Les audiences débutent à Toronto le 28 septembre 1949 et ne se terminent que le 7 novembre de la même année. Le juge Kellock, qui remet son rapport deux semaines plus tard, arrive à la conclusion que, si les causes de l'incendie demeurent inexpliquées, un plus grand nombre de passagers auraient eu la vie sauve si le navire avait disposé d'un équipement anti-feu plus adéquat, et si les officiers et membres d'équipage avaient eu une meilleure connaissance des procédures à suivre en cas d'urgence. Dans les mesures préventives qu'elle recommande en cas d'incendie, la Commission Kellock indique, entre autres, la nécessité d'utiliser des cloisons pare-feu, des gicleurs et des systèmes d'alarme automatiques, et de prévoir des services de ronde.

L'incendie du Noronic compte parmi les plus grandes catastrophes survenues dans l'histoire maritime des Grands Lacs. La CSL a payé plus de deux millions de dollars en compensation aux victimes et à leur famille. L'accident du Noronic est le triste épilogue du trafic voyageurs sur les Grands Lacs. La perte de ce « chef de file » a marqué la fin d'un parcours.

Shipwreck InvestigationsLa cause du feu n'a jamais été établie, mais la direction de la compagnie croit qu'il s'agit d'un incendie criminel. Et ses soupçons ont un fondement. En effet, plus d'un an plus tard, le 14 août 1950, le Quebec, un bateau de passagers de la CSL, prend feu alors qu'il navigue sur le fleuve Saint-Laurent. Il transporte 426 passagers. Par chance, le navire peut accoster à Tadoussac, et l'incendie est maîtrisé, mais sept passagers perdent la vie et plusieurs sont blessés. Sans la présence d'esprit du capitaine et de l'équipage, et leur prompte intervention, un incident aussi grave aurait pu devenir catastrophique. L'accident du Quebec est comparé à celui du Noronic, surtout lorsque les enquêteurs fédéraux déterminent que le feu a été volontairement allumé dans une lingerie verrouillée. Mais personne n'est accusé, et peu après la CSL décide d'éliminer les navires de passagers de sa flotte.

Références

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Gouvernement du Canada. Ministère des Tranports. Rapport de l'honorable juge Fernand Choquette, J.C.S. d'une enquête formelle sur les circonstances qui ont accompagné la destruction par le feu du N/V « Quebec » au large de Tadoussac le 14 août 1950 entraînant la perte de sept vies humaines, Québec, [s.n.], 1950.

« Great Disaster Series 1: The Burning of the Noronic », The Times Magazine.
http://www.walkervilletimes.com/28/noronic1.html (consulté le 1er décembre 2005) (en anglais seulement).

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« The Northern Navigation Company Limited », The Scanner, Bulletin mensuel de la Toronto Marine Historical Society, vol. 6, n° 7 (avril 1974).